“Vous avez eu une vie. Il y a eu des moments où vous aviez une vie. Certes, vous ne vous en souvenez plus très bien ; mais des photographies l’attestent. Ceci se passait probablement à l’époque de votre adolescence, ou un peu après. Comme votre appétit de vie était grand alors ! L’existence vous apparaissait riche de possibilités inédites.”
Extension du domaine de la lutte, Michel Houellebecq

brioche dulce de leche

C’est aujourd’hui. L’effusion. Les tenues éparpillées, les chaussures qui jonchent le sol. Et puis finalement choisir ce pantalon qu’on met tous les jours. La porte qui claque et qui reclaque parce qu’on oublie toujours quelque chose. Ne pas changer une équipe qui gagne. Surtout pour la cérémonie des diplômes. L’aboutissement. Le point d’orgue de toutes ces années. De toutes ces promesses. Pour un simple bout de papier. On est arrivées en retard, les cheveux en bataille, et la robe noire qui a finalement recouvert la tenue qu’on avait mis si longtemps à choisir.

On avait le cœur qui battait fort, mais pas seulement à cause de la course dans le métro. On a fait un sourire crispé pour la photo. Puis un 2e. Puis on a laissé tomber les photos.

On s’est tous serrés fort, on a ri, on a parlé vite, on a ri à nouveau et on ne savait pas bien pourquoi. On savait que c’était presque la dernière. La dernière fois qu’on serait tous réunis. C’était triste un peu, émouvant beaucoup, improbable aussi. On s’est demandés ce qu’on faisait, qui on voyait, où on habitait maintenant. On ne s’est pas demandé si on était heureux. On n’y a pas pensé.

Et puis ils sont arrivés. Les parents. Un peu mal à l’aise, sans bien savoir quoi dire, parce qu’on l’avait attendu ce moment. Et en même temps on le redoutait. Le stress, l’émotion, la nuit un peu trop courte qu’on essaie de dissimuler. A nouveau les photos. Le cœur qui bat fort. Les phrases clichés. Dis, tu te souviens il n’y a pas si longtemps tu te baladais sur mes épaules. C’est marrant comme ces moments marquants sont là pour rappeler avec une mélancolie déconcertante, à quel point la vie a passé vite, trop vite. Comme un bilan sans appel sur ce qui vient de s’achever. Comme un regard forcé en arrière. Avec tout ce que ça implique.

Et puis comme pour accuser le coup, les questions qui fusent. Sur la vie. Dis, Papa et si ça se passe mal ? Et si je n’ai pas envie de grandir ? Et tu crois qu’un jour je vais rencontrer une belle personne ? Du champagne. Et des questions. Beaucoup de questions. Et encore du champagne.

Clore une période de sa vie c’est aussi en commencer une autre simultanément. Se lancer dans une nouvelle aventure, dont on ne connaît pas encore bien les règles du jeu. Où l’on n’a pas encore compris tous les codes, tous les repères. Mais déjà on a croisé un regard. Furtif. Presque impalpable. Comme un signe qui laisse présager quelque chose d’inconnu mais de terriblement exaltant. Comme à la manière d’Oscar, continuer à vivre, et ne pas simplement exister.

Le lendemain matin au petit-déjeuner elle a dit “Alors ça fait quoi d’être diplômée? ça fait quoi d’être une grande?”. Pas grand chose, et beaucoup à la fois. J’ai pris de la brioche dorée. Pour estomper la nuit blanche. Et les (trop) nombreux verres. La lumière était douce, on allait pouvoir profiter du week-end. Le premier week-end comme une grande. Sans les petites roues. Enfin presque.

brioche dulce de leche

{Brioche aux noix et confiture de lait}

Ingrédients:

1 sachet de levure déshydratée
80 g de sucre en poudre
1 oeuf
100 g de beurre
500 g de farine
250 ml de lait
1 cuillère à café de sel
1/2 pot de confiture de lait
100g de cerneaux de noix

Préparation: 

  • Dans un saladier diluer la levure avec le sucre et le lait légèrement tiédi
  • Laisser reposer pendant 15min
  • Ajouter le beurre ramolli et l’oeuf préalablement sorti du frigo (il ne faut pas qu’il soit très froid)
  • Ajouter ensuite la farine et le sel et pétrir quelques minutes
  • Laisser lever 1h30 dans un endroit tiède (four allumé puis éteint, à 35 degrés environ)
  • Lorsque la pâte a doublé de volume, la dégazer et l’étaler en rectangle
  • Napper de confiture de lait et de noix concassées en laissant 1 bon centimètre sur chaque bord
  • Rouler la brioche dans le sens de la longueur
  • Couper 4 rondins et les disposer dans un moule rectangle préalablement beurré, fourrage vers le haut (est-ce clair? Je ne crois pas… mais on fait ce qu’on peut!)
  • Laisser à nouveau lever 1h dans un endroit tiède
  • Lorsque la brioche a fini de lever, enfourner pendant 20-30min à 200°
  • Après la cuisson, napper de confiture de lait à souhait et de morceaux de noix

brioche dulce de leche

3 Commentaires

  1. Aude 12 décembre 2016 à 19 h 13 min

    Félicitations pour ton diplome. Tu verras, tu pourras vite les enlever les petites roues (la claque arrive vite et puis on finit par avancer droit!)
    Superbe brioche en passant 🙂

    Répondre
    1. sarahmenesafraise - Site Author 13 décembre 2016 à 0 h 09 min

      merci petite libellule 🙂 c’est encourageant pour les ptites roues, même si je pense que j’en ai encore pour un long, très long moment ahaha
      Mais bon ce n’est pas pour déplaire à ma Maman qui m’a encore sur les bras pour quelques années! Merci pour ton ptit passage, ça me fait très plaisir comme à chaque fois!

      Répondre
  2. sotis 13 décembre 2016 à 13 h 29 min

    c’est une tuerie cette brioche et bravo pour ton diplôme!!!! bisous

    Répondre

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