Le (nouveau) départ

« Je ne pourrais pas dire que j’ai su être heureuse dans la vie, je ne pourrais pas me donner quatorze sur vingt à l’heure de ma mort, comme ce collègue de Pierre […] Quand je serai sous terre qu’est-ce que ça changera? Tout le monde se foutra que j’aie su ou non être heureuse dans la vie, et moi je m’en foutrai pas mal.”
Yasmina Reza, Babylone

Il y a eu des hauts et des bas. Des très hauts et des très bas. Des pleurs, des sourires, du désir et de la mélancolie. Parfois les 4 à la fois (si si, c’est possible). Septembre aura été une épreuve. Les mots m’ont manqué, l’envie aussi, j’ai eu du mal à venir par ici, je me suis même dit l’espace d’un instant « mais à quoi ça sert finalement? ». Et puis Octobre est arrivé, doucement sur la pointe des pieds, il m’a donné un bon coup de pieds aux fesses en me disant que non, la vie parfois, et même souvent, n’est pas faite que d’insouciance, de gâteaux aux myrtilles et de câlins sous la couette. Est-ce une raison pour lâcher prise ? Je ne pense pas.

Parce que tu sais que cette petite boîte pleine de souvenirs tu la regarderas avec douceur dans quelques années mais que pour l’instant tu ne sais pas poser les yeux dessus, parce que ce dernier texto ne viendra pas, parce que tu redoutes d’être face à tes propres angoisses le soir et que c’est uniquement pour ça que tu restes tard au bureau (et aussi un peu pour commander sur frichti :)) et parce que tu viens de découvrir que non, l’existence ne se planifie pas à 5 ans, ni même à 3, ni même à 2 semaines. Et ça, c’est une sacrée nouvelle.

Et puis il y a eu ce moment tout simple. Mon frère a pris ma main, l’air de rien, et m’a poussé vers le piano. Il m’a dit tu vas voir on va faire une impro de jazz tous les deux ça va être chouette. Il m’a dit de ne pas réfléchir, que ça viendrait tout seul. Et ça m’a plu. Parce que réfléchir je ne faisais que ça, depuis des jours. Et des nuits. Alors on a joué tous les deux. Et effectivement c’était chouette. Un peu faux parfois aussi.

Ces moments sont un peu comme des bulles de savon, il faut savoir les repérer et les apprécier avant qu’ils ne disparaissent. Ils sont juste là pour te dire t’inquiète pas, ça va aller, accroche toi le voyage est pas encore tout à fait fini. Alors on va s’y accrocher, on va les pourchasser ces moments éphémères et simples. On va aller le tester ce brunch. On va l’écrire cet article. On va la faire cette balade au soleil. Et puis un jour (pas tout de suite quand même) l’air de rien on sera seule le soir chez soi et bizarrement on respirera calmement.  On aura même presque l’impression que c’est agréable de se retrouver avec soi-même. Mais ça, ça ne sera pas tout de suite.

Pour l’heure il y a le téléphone qu’on met exprès loin de soi pour ne pas être tentée. Tentée d’écrire à celui-ci. Ou d’attendre la réponse de celui-là. Il y a la boule dans l’estomac qui appuie fort et qui même quand tu as faim t’empêche d’avaler quoique ce soit (mais ça a l’avantage de te faire rentrer dans ton pantalon d’il y a 3 ans, celui que tu ne savais plus mettre mais  que tu voulais garder quand même « au cas ou » 🙂) . Il y a les angoisses le soir. Les pleurs la nuit. Les insomnies sur l’ordinateur (oui je like des photos à 4h du mat, et alors ?). Mais je progresse, et pour preuve, je l’ai testé ce brunch la semaine dernière.

Si tu y vas prend le porridge, avec plein de noisettes sur le dessus, ou la tartine de fromage frais avec des figues. Et du miel.

Vas-y avec quelqu’un que tu aimes, c’est plus cool. Perso j’ai choisi ma sœur, c’était une valeur sûre

Si en plus t’écoute ça, ou ça, en y allant à pied, parce que c’est mieux pour la santé, la journée est plus douce